Billet 3_été 2019 : Analyse FFOM du tutorat et de la relation pédagogique eu regard à la réussite d’un cours à distance



L’exercice d’analyse de type FFOM m’a tout d’abord demandé de m'enquérir de cette technique pour laquelle je restais encore inexpérimentée. J’ai appris que le but d’une telle analyse est d’obtenir une représentation réaliste d’une réalité, d’un phénomène, grâce à la considération de facteurs externes et internes de ce phénomène, d’aspects positifs et négatifs, et d'événements passés et potentiels futurs (ONU femmes, 2012). Ainsi, poser un regard sur les mécanismes du tutorat et sur la nature des relations pédagogiques en formation à distance (FAD), deux phénomènes distincts à première vue, m’a semblé nécessiter une mise en relation de ceux-ci dans le contexte de réussite scolaire. 


L’établissement d’une relation pédagogique saine et aidante contribue à la mise en place d’un climat propice à l’enseignement et à l’apprentissage (Kozanitis, 2015); cette relation se construit, entre autres, autour d’actes adéquats de tutorat. Ces actes relèvent des attitudes interpersonnelles et aptitudes communicationnelles du tuteur (Kozanitis, 2015) qui établissent le tutorat comme une relation d’aide entre l’apprenant et le pédagogue (Rodet, 2011). Sous cet angle, un pédagogue reste un accompagnateur, comme le suggère l'étymologie du terme (Page, 2015), en ce sens où il accompagne l’apprenant vers la réussite.  Je considère donc que l’enseignant peut en effet être tuteur, car être tuteur peut s’agir autant d’un rôle que d’une posture, dépendamment de la reconnaissance attribuée à sa fonction (Berkour et Jaillet, 2013). En d’autres termes, le tuteur est le premier répondant : celui que l’apprenant contacte pour toute demande ou commentaire et celui à qui l’apprenant accorde une certaine confiance, exactement comme dans une relation d’aide. Dans mon contexte d’enseignement en FAD, ma fonction me demande de porter tous les chapeaux : conceptrice du contenu et des fonctionnalités pédagogiques, responsable des plateformes en ligne, enseignante et tutrice, évaluatrice. De par mon expérience d’étudiante dans ce cours, je suis une tutrice considérée comme une paire ancienne et je possède la capacité de m’exprimer dans le langage des apprenants du cours (Decamps et Depover, 2011). Quels effets cette combinaison de chapeaux a-t-il sur les mécanismes du tutorat dans mon cours, sur la relation pédagogique avec mes étudiants et ultimement, sur leur réussite dans mon cours ? 


Je tente d’esquisser une réponse à cette question par une première ébauche d’analyse FFOM portant sur deux phénomènes. 


 
Mécanismes du tutorat dans un cours à distance majoritairement asynchrone

 


P
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t
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Facteurs internes


N
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g
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Forces
-- Répond aux besoins individuels des apprenants
(Decamps et Depover, 2011)
-- Influence positivement la motivation, la persévérance et le sentiment d’autoefficacité (Chomienne et Poelhuber, 2009)
Faiblesses
-- Les apprenants ayant le plus besoin de tutorat n’y font pas appel (Chomienne et Poelhuber, 2009)
Opportunités
-- Permet la différenciation pédagogique
-- Rend autonome l’apprenant (Rodet, 2011)
--Diminue les chances d’abandon (Chomienne et Poelhuber, 2009)
Menaces
--Le rôle d’évaluateur du tuteur peut créer une relation conflictuelle (Chomienne et Poelhuber, 2009)
--Le tuteur peut être mise en cause dans l’abandon d’un apprenant (Berkour et Jaillet, 2013).
Facteurs externes


 

Nature de la relation pédagogique (RP) dans un cours à distance majoritairement asynchrone

 


P
o
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t
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f
Facteurs internes


N
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g
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t
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Forces
-- Une RP aidante soutient les apprentissages en profondeur 
-- Une RP aidante permet aux apprenants de devenir autonomes (Page, 2015)
Faiblesses
-- À cause du décalage occasionné par l’asynchronicité, l’enseignant ne sait pas si les étudiants sont en train d’apprendre (Page, 2015).
Opportunités
-- Une RP aidante peut diminuer les chances d’abandon (Kozanitis, 2015)
-- Une RP aidante peut augmenter les chances de réussite
Menaces
-- Les outils numériques peuvent brouiller la RP (comme un intermédiaire entre l’enseignant et l’apprenant) (Page, 2015)
Facteurs externes

Cette analyse succincte comporte certainement des limites, mais me permet de faire deux constats. Premièrement, que les écrits n’arrivent pas à me convaincre que les mécanismes du tutorat et leur rôle dans la réussite sont significativement différents dans le contexte d’une FAD comparativement à une formation en présentiel. Deuxièmement, que peu importe les dispositifs mis en place pour faciliter la communication entres l’enseignant-tuteur et les apprenants et peu importe les aptitudes relationnelles et le désir d’apporter de l’aide, une relation pédagogique, comme tout autre relation humaine, reste bidirectionnelle et comporte son lot d’obstacles numériques et humains.
Enfin, est-ce que cet exercice d’analyse m’a permis de comprendre plus objectivement ces phénomènes ? Certainement, et de surcroît, elle m’a permis d’amorcer une réflexion sur mon rôle de tutrice dans mon cours à distance et sur la nature des relations que je préconise avec mes étudiants.



Références


Berrouk, S., & Jaillet, A. (2013). Les fonctions tutorales : pour un déséquilibre dynamique. Distances et médiations des savoirs. Distance and Mediation of Knowledge, 1(2). https://doi.org/10.4000/dms.206

Chomienne, M. & Poellhuber, B. (2009). Les effets de l’encadrement et de la collaboration sur la motivation et la persévérance. Pédagogie collégiale, 22(2), 20-27.
Decamps, S. & Depover, C. (2011). La perception du tutorat par les acteurs de la formation à distance. Dans C. Depover, B. De Lièvre, D. Peraya, J.-J. Quintin, & A. Jaillet (dir.), Le tutorat en formation à distance. Bruxelles: De Boeck.
Kozanitis, A. (2015). La relation pédagogique au collégial. Une alliée vitale pour la création d’un climat de classe propice à la motivation et à l’apprentissage. Pédagogie collégiale, 28(4), 4-9.
ONU femmes. (2012). Analyse FFOM. Repéré à

Page, V. (2015). Établir une relation pédagogique à distance… est-ce possible? Pédagogie collégiale, 28(4), pp. 10-16.
Rodet, J. (2011). Formes et modalités de l’aide apportée par le tuteur. Dans C. Depover, B. De Lièvre, D. Peraya, J.-J. Quintin, & A. Jaillet (dir.), Le tutorat en formation à distance (p. 159‑170). Bruxelles: De Boeck.

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